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Les dimanches de janvier, de 4 à 7h en fin d'après-midi, nous traiterons de DÉMOCRATIE à la Bouquinerie du 6, rue du Majou à Gourdon.

À ce sujet, tous les textes et opinions sont les bienvenus dans notre discussion.

Les vœux d'Assa Traoré, sœur d'Adama mort en commissariat pourront être l'occasion de notre première réflexion du mois sur ce thème.

Nous proposons en outre les titres suivants (liste non exhaustive) :

– André Bellon : Ceci n'est pas une dictature, éd. Mille et une nuits, 2012

– Marc Dugain et Christophe Labbé : L'homme nu, la dictature invisible du numérique, Plon Robert Laffont, 2016

N'hésitez pas à alimenter notre réflexion de vos apports.

À dimanche !

Pour conclure notre débat de ce dernier dimanche de janvier, il me semble que la position exprimée par Frédéric Lordon au micro de Daniel Mermet décrit assez bien la question du mensonge institutionnalisé à travers des figures de traîtres d'office comme le PS ou le PCF et des mouvements inédits comme les Nuits Debout : https://blogs.mediapart.fr/edition/actualite-et-verites-de-la-campagne-de-la-france-insoumise/article/280117/frederic-lordon-soutenir-melenchon?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66

Bonne lecture !

Jean-Jacques M’µ

On peut méditer sur la manipulation confusionniste extrême-droite + extrême gauche à l'origine de la candidature du chanteur Hugues Aufray aux présidentielles :
http://www.marianne.net/presidentielle-comment-hugues-aufray-se-fait-instrumentaliser-groupuscule-extreme-droite-100248960

Ou bien encore réfléchir plus fondamentalement aux observations sur le sens du geste électoral, de la part d'un philosophe de la politique comme Jean-Luc Nancy, de Strasbourg : https://lundi.am/Le-vote-n-est-pas-une-parole-En-aucun-sens

« Que faire ? ». Vous dites que cette question s’est posée, chez Kant puis Lénine, à la veille d’une révolution. Comme si, au fond, elle était le signe d’une impuissance théorique mais quelle serait néanmoins annonciatrice de changements, de commencements. Pensez-vous que nous soyons aujourd’hui à la veille d’une nouvelle révolution ? Y a-t-il, selon vous, des choses à faire, des formes à trouver, afin que le frémissement de révolte qui se laisse percevoir entre les lignes de l’histoire se déploie plus largement ?

JLN : Je suis de plus en plus tenté de voir dans les révolutions – toutes – des phénomènes du développement technique au sens le plus large du mot : technique bancaire, commerce, bourgeoisie (avec autres techniques, maritimes, manufacturières, militaires) – technique industrielle, démocratie, lutte des classes – enfin, électricité (retard de la Russie) + soviets (avancée politique théorique immédiatement contournée…c’est un des « bons choix » de Lénine…) – et on peut poursuivre avec la Chine et une part non négligeable des libérations coloniales. Il n’y a pas eu de « révolution » authentique (nous y revoilà !) mais il y a eu de puissantes mutations socio-techniques. Qu’est-ce qui a créé puis développé les « bourgs » ? voilà la seule vraie question, sur la vraie révolution…

Le frémissement de révolte dont vous parlez, d’abord il faut noter son lien avec l’histoire moderne (et pré-moderne, sans doute, si on pense aux révoltes d’esclaves des fins d’empires pré-grecs, puis à Rome où ont aussi eu lieu des mouvements de la plèbe, puis les révoltes paysannes du XIIIe au XVIe siècles). Mais le devenir mondial de la révolte (communismes, socialismes, libérations coloniales) semble avoir détourné le mouvement : il y a bien ici et là des révoltes, mais il semble y avoir surtout des formes diverses de contournement plutôt que d’affrontement – des mafias, des circuits parallèles, des mélanges entre désir d’identité et manipulation de ce désir lui-même mêlé à la révolte de la pauvreté et du malheur. On est très loin de pouvoir clamer « Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! ». L’injustice la plus flagrante est dénoncée inlassablement par des cohortes d’intellectuels, de religieux, mais ils ne font pas résonner des voix de peuples… Au contraire, on a ce qu’on nomme des « populismes ».
Et le frémissement des pays européens – quel est-il vraiment ? N’est-il pas pour une bonne part celui d’une classe moyenne irritée de ne plus profiter d’un calme et confortable progrès ? Classe moyenne excitée par un discours moyen – socio-psycho-idéo-logique – qui se repaît de dénonciations de tout (Etat, politique, progrès, régression, mode, consommation, jouissance, urbanisation, béton, pharmacie, illettrisme, etc., etc... ) Puisque nous critiquons tout, il n’est pas étonnant que la critique devienne le premier produit de consommation.

Juste un exemple : pourquoi tant de scandales sexuels et financiers des gouvernants ? Réponse : parce qu’il est plaisant de les vilipender, tandis que jadis il n’était pas du tout aussi jouissif de se plaindre des débauches et du luxe des princes. Je ne vais pas maintenant analyser ça plus avant, mais cela me paraît évident. Et j’en dirais autant de bien des critiques des mœurs bobo, des magazines, de la télé, de la littérature « autofictionnelle », etc… Je ne dis pas que ces critiques sont erronées : je dis qu’elles se dégustent elles-mêmes, sans autre horizon.

CaféSéditions : « Démocratie, dit-elle »
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