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Trimardiers de justice

Ce très long article de réflexion mettant en cause la notion de CITOYENNISMEcomme incapable de rompre véritablement avec le capitalisme m'incite à envisager un prolongement en réponse aux questions soulevées.

Étant posé trois postulats :

  1. ) nous ne croyons pas en la démocratie comme pouvant s’opposer au capitalisme ;
  2. ) nous voulons renverser l'État – et surtout pas le renforcer (pour mettre en place quelle politique, d'ailleurs ?)
  3. ) nous nous reposons sur la masse entière des personnes et des groupes opprimés comme base active de nouvelles politiques à définir ensemble.

Alors, il nous devient immédiatement possible de nous rassembler à partir de nos propres espaces respectifs, y compris familiaux, et rendre son pouvoir aux populations dont nous sommes, chacun, chacune, différemment, l'une des émanations.

On essaie ?...

Depuis son espace spécifique, en débordant les politiques officielles, sans rien concéder au capitalisme et ses avatars, même à prétention « plus humaine » ou « plus démocratique ».

Chiche ?

Sur le point 1, démocratie et capitalisme

Nous dénonçons tous ces partis, ces syndicats, ces associations, ces organisations qui prétendent vouloir améliorer les modes de relation au capital et à son pouvoir de décision.

Non, un "revenu", même de base et même universel, jamais ne sera un outil d'émancipation des populations, salariées ou non.

Non, le libéralisme, même vert, jamais ne cessera d'exploiter à meilleur prix les êtres humains, les comptant pour variable d'ajustement de leurs calculs au détriment de l'environnement, de la biodiversité et du climat.

Non, la bureaucratie, même sociale, jamais ne permettra aux groupes, aux idées et aux personnes de circuler librement, jamais la bureaucratie ne fonctionnera pour augmenter et améliorer nos droits, bien au contraire !

Non, la technocratie, même à développement durable, jamais ne favorisera l'autonomie des populations et leur autosuffisance, la variété de leur alimentation et de leurs modes de vie. Toujours la technocratie imposera la monoculture et l'uniformité des comportements de production et de consommation.

Non, aucun de ceux qui tolèrent la professionnalisation de la politique et l'assujettissement de l'information aux seules puissances en place, aucun d'entre eux, même avec nuances et critiques, aucun aucun aucun jamais ne sera réellement à l'écoute des populations que pour mieux leur servir les paroles et les rêves que celles-ci ont besoin d'entendre, mais jamais jamais jamais ô non jamais ceux qui professent l'assujettissement ne seront contre le capitalisme.

Sur le point 2, renverser l'État

Le mouvement d'occupation des places qui a proliféré partout dans le monde dès le début des années 2010 a inquiété fortement les pouvoirs en place. Depuis lors, il s'est trouvé de nombreux leaders pour récupérer au profit du néolibéralisme ces mouvements et leurs assemblées populaires, horizontales et apartidaires, non racistes et non sexistes, Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, sans compter les blocages en Islande et dans de nombreux pays d'Europe, ou les éparpillements organisé qui restent de fait liés plus ou moins directement aux militaires en Tunisie et en Égypte...

Les stratèges peuvent toujours appeler les populations à descendre protester sur les lieux publics, les populations, elles, continuent de se méfier, et souvent à juste titre, il faut bien reconnaître, avec la trace terrible qu'ont laissés en elles la mémoire de tous ces morts pour rien.

La confiance dans l'intelligence collective est un nouveau facteur, encore trop récent pour avoir une quelconque influence sur les prises de décisions concernant nos sociétés – même au plan municipal, la politique des semences, énergétique, de distribution d'eau, de monnaie locale restent des épiphénomènes cantonnés dans l'entre-soi et une distance très marquée avec les pouvoirs en place.

Personne n'imagine aujourd'hui les polices débordées durablement par des avalanches simultanées de foules revendicatives réclamant la liberté de circulation sans entrave pour tous, l'ouverture des frontières, l'octroi de logements stables, et l'accompagnement socio-médical intégral de toutes les personnes en difficulté, quelles que soient leurs origines, leurs statuts, leurs âges et leur genre.

Personne n'imagine ce déferlement appelant à la justice et à la dignité pour tous. Et pourtant !...

Sur le point 3, les acteurs du changement

Les ZADistes, surtout ceux de NDDL, ont prouvé comment et pourquoi nous avons tout lieu de suivre leur exemple. Leurs résistances sur tous les plans, juridiques et logistiques révèlent aux dirigeants de ce mode et à leurs zélés serviteurs que plus que jamais aujourd'hui nous avons à choisir notre camp.

Sur l'hypothétique expulsion de la ZAD de NDDL : http://revolutionetlibertes.fr/2016/09/28/quelques-mots-lhypothetique-expulsion-de-zad-a-nddl/ :

« De ce fait, la guérilla bocagère risquerait de s’intensifier avec des méthodes plus poussées. D’autant que l’opposition à la Loi « El-Khomri » et du MEDEF n’est pas terminée. Les affrontements violents se sont déplacés dans les rues des villes. Une convergence entre la guérilla bocagère et la guérilla urbaine est inévitable. Il est fort dommage que la lutte contre NDDL n’ait pas été au centre de la lutte contre la « loi travail ». Il faut dire qu’une lutte avec soc-dems (sic) paraît fort compliquée, d’autant que ces derniers sont divisés entre passéisme et progressisme. Mais, le cortège de tête n’a finalement aucune excuse. D’ailleurs, il faut dire que malgré quelques pancartes en faveur de la ZAD de NDDL, la lutte était quasiment absente. Il s’agit d’une faute stratégique et tactique. » (Pierre Le Bec)

Aucun de nous ne peut défendre des emplois qui empoisonnent nos terres, nos sols et l'air que nous respirons. Ceux qui se retranchent derrière leurs familles à nourrir ne sont que des instruments du capitalisme, ce ne sont pas des victimes, mais des otages consentants, qui oublient et voudraient nous faire oublier que les réponses financières accordées en faisant acte d'allégeance avec les entreprises polluantes qui les emploient sont des réponses temporaires, tronquées, biaisées, malhonnêtes, dont pâtiront inévitablement un jour eux-mêmes et leurs enfants, les familles qu'ils croient défendre sans aucune conscience du mal qu'ils sont en train d'accomplir.

Sur le nom de TRIMARDIER

Ce néologisme repose sur le mot « trimardeur » (un vagabond, professionnel de la mendicité – le trimard, c'est la route, en argot). À la suite de Maurice Genevoix, je l'utilise pour évoquer tous ceux que la misère jette sur les routes en quête de subsides, mais aussi, de pain, de justice, de paix et de dignité.

Bon...

Et si nous construisions enfin un monde sans capitalisme ? Absolument autonome et indépendant de nos sociétés de menteurs professionnels (qui ne sont fondés que sur notre participation à leurs élections, soit par ignorance bête, soit par hypocrisie foncière méchante, voire cruelle, de nos institutions qui font tout le contraire des vocations affichées). Ah ! Préparer l'expulsion de ceux qui veulent nous expulser !... Non ?...

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