L'audience du 12 septembre 2017 au TGI de Paris, Procès du nucléaire...

L'audience du procès en diffamation intenté par AREVA contre deux antinucléaires s'est tenue de 15 à 19h30 le mardi 12 septembre 2017 devant la XVIIe Chambre correctionnelle du TGI de Paris. Le président de séance et ses deux assesseurs ont d'abord interrogé les deux prévenus sur les termes incriminés, sur leur attitude respective l'un par rapport à l'autre et chacun par rapport à AREVA.

Le tournant a été le témoignage du metteur en scène Bruno Boussagol, qui a signalé les désastres irréversibles du nucléaire.

Ensuite, la parole a été donnée à l'avocate d'AREVA, enfin les deux avocats de la défense. Antoine Comte, mon avocat, a déclaré sa colère devant l'accaparement des tribunaux pour « l'honneur et la considération » des très grandes entreprises se constituant partie civile contre des quidams afin de bâillonner les mobilisations publiques. Un quidam qui veut porter plainte doit déposer une consignation de 4 000 € alors qu'AREVA ne verse que 2 000 € avec un capital d'un milliard 500 millions d'euros.

Puis le procureur, représentant le ministère public, a admis la justesse de mon argument sur l'aspect criminogène des négligences et du refus d'appliquer les règles de sécurité. Il a demandé que le tribunal reconnaisse la bonne foi des deux hommes en colère présents à la barre.

Voici ce que j'ai essayé de dire en réponse aux questions suivantes :

Pourquoi avoir relayé si vite le billet de la CAN-SE sur Médiapart, le 27 juillet 2014 ?

Parce que j’ai vite compris à la lecture de cet article que mes amis élus Verts lâchaient la population et toutes leurs promesses de campagne... J’avais accompagné et soutenu les candidats EELV, et j’avais répercuté encore un an plus tôt leur parole. L’article de la CAN me plaçait donc devant l’évidente vérité de mes choix, de mes partis pris, de mes alliances. Je ne pouvais plus faire semblant. Impossible de continuer à me mentir moi-même.

Précision

La CAN-SE n’a exercé aucune pression, ne m’a fait aucune demande, pas même implicite. J’ai simplement senti de mon devoir de relayer, pour informer mes connaissances de cette nouvelle trahison de nos amis Verts.

C’est la raison essentielle pour laquelle j’ai relayé dans l’instant cet article, parce qu’ils me montraient qu’une fois de plus, des représentants politiques se défilaient devant leurs responsabilités, laissant agir les lobbis dont ils prétendent dénoncer les pratiques.

En relayant ce billet de la CAN-SE, je faisais en quelque sorte amende honorable vis-à-vis de ses militants, c’était ma façon à moi de montrer du respect à des gens que je n’avais pas écoutés / entendus / perçus un an plus tôt à l’occasion de la publication de L’Impossible procès [du nucléaire]

Quelque chose de CASSANDRE dans la CAN-SE

C’était mon coup de chapeau sur cet "espace public" qu’est le blog Mediapart, pour leur rendre justice, en dépit de leur mauvaise image qui est faussée par un ton que les moins engagés ou les plus timorés estiment exagérément "militant". Alors qu’en réalité c’est leur exaspération à avoir voulu me prévenir un an plus tôt qui m’avait à tort donné l’impression d’anti-nucléaires extrémistes, ce qu’ils ne sont pas. Cette vivacité de ton les fait souvent mal percevoir. Ils sont animés par l’esprit de Cassandre voulant alerter les Troyens du massacre qui les menace, et ils ne sont pas plus entendus qu’elle. Il n’y a aucune insulte dans leur propos, aucun appel à la haine ou au meurtre, et c’est là la limite de la liberté d’expression, qu’eux, ils n’ont jamais franchie, au contraire d’autres qui gardent pignon sur rue et circulent en liberté sur les plus grands plateaux de télévision, avec une audiance inversement proportionnelle au respect des droits humains. J’ai voulu par mon relai de cet article réparer un peu à ma modeste mesure l’effet parfois désastreux sur les gens même les plus amis.

Dénoncer AREVA ?...  Pas du tout !... Je dénonce plutôt le nucléaire.

Je dénonce les méfaits du nucléaire sur la santé et sur la vie, méfaits par ailleurs bien réels et reconnus dans des publications scientifiques depuis des décennies. Rien qu’aujourd’hui sur l’agenda Démosphère on trouve des exposés débats et des conférences sur les méfaits du nucléaire https://paris.demosphere.eu/rv/56415 :Effets sur la santé de la radioactivité et des radiofréquences : vérités, mythes et mensonges - Les solutions envisagées, etc.

Qu’en est-il d’AREVA ?...

Spécifiquement, à la lecture du billet de la CAN-SE du 27 juillet 2014, les termes utilisés dans cet article m’ont paru acceptables dans la mesure où,

1. oui il est notoire que le terme de crime ne s’applique pas en droit pour le seul caractère d’homicide avec intention qu’on ne peut donc légitimement pas soupçonner chez AREVA, bien entendu, mais qu’en revanche,
2. oui, il est notoire que le nucléaire provoque des morts, des blessés graves, des maladies, des handicaps sévères,
3. et oui, ce terme de crime, toujours en droit, s’applique aux dégâts mortels ou morbides provoqués également par négligence ou par non-respect des règles de sécurité (ce qui fait qu’un Parquet peut traiter de criminogènes des personnes ayant commis des excès de vitesse sur la route, même sans accident, même sans mort).

Film documentaire : RAS – RIEN À SIGNALER

http://boutique.arte.tv/f3532-rasnucleairerienasignaler

Réalisateur : Alain de Halleux

Producteurs : ARTE FRANCE, CRESCENDO FILMS

Des ouvriers du nucléaire sortent de l’ombre pour dresser un tableau inquiétant de leurs conditions de travail et de sécurité. Une enquête exemplaire.

On les appelle les "jumpers", ils sont chargés d’entrer dans le générateur de vapeur pour obturer les tuyaux qui le relient au réacteur nucléaire. Séjour maximum autorisé : de 90 à 120 secondes, sous peine de surdosage radioactif ! Ils font partie de la masse des ouvriers intérimaires et sous-payés, chargés de maintenance dans les centrales nucléaires (décontamineurs, mécaniciens, contrôleurs…). Des travailleurs de l’ombre qui, avec ce film, sortent pour la première fois du silence pour dresser un tableau inquiétant d’un des fleurons de l’industrie européenne. Depuis la libéralisation des marchés et la privatisation des groupes énergétiques, les conditions de travail semblent en effet se dégrader, au mépris de la santé des ouvriers et de la sécurité. Au nom de la rentabilité, EDF/GDF-Suez, Areva et les autres recourent de plus en plus à la sous-traitance, rognent sur les effectifs et la maintenance, font pression sur les employés...

Informations techniques

Durée : 57 min Poids du fichier : 0 Mo    Couleurs : Couleur et noir & blanc    Langue : Français

Format vidéo : 16/9 Format audio : N/A Territoires disponibles : Moyen-Orient,  Australie,  Amériques

La question du MOX ?

Elle est hyper-technique. La réputation d’extrême dangerosité de ce combustible des dizaines de milliers de fois plus toxique et plus radioactif que l’uranium enrichi (toute une littérature critique en rend état dans la presse, y compris pro-nucléaire).

On peut trouver cette décision de la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) sur le Mox

qui est intéressante à propos de l’invalidation des mécanismes d’arbitrage, ce qui signifie que le CETA est contraire au droit de l’UE. Est-ce un hasard ? aucun politique ni aucun journaliste officiel ne l’invoque à commencer par ceux qui prétendent dénoncer le CETA...

Voir note 42 page 22 du document suivant : http://www.fondapol.org/wp-content/uploads/2011/03/Le-principe-de-precaution-dans-le-monde.pdf

Cette décision négative pour le MOX est cependant très importante pour le droit comme pour la presse et, surtout, pour l’opinion publique. Qui est-ce qui va la transmettre ?... Un blogueur ?...

On peut toutefois lire un article critique du Figaro contre le MOX quelques mois après Fukushima : http://www.lefigaro.fr/environnement/2011/11/16/01029-20111116ARTFIG00558-le-mox-un-combustible-au-plutonium-controverse.php

Sur le principe de précaution en droit de l’Union, lire  http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM%3Al32042

La règlementation sur le retraitement du combustible nucléaire : https://www.asn.fr/Informer/Publications/La-revue-Controle/Controle-n-162-La-surete-du-cycle-du-combustible

Bref, il faut savoir, sans être spécialiste que :

1. le MOX a un point de fusion plus bas que l’UOX avec les références ici : « MOX usé » :  http://www.global-chance.org/IMG/pdf/GC33p66-85.pdf
2. Au sujet du Plutonium et du MOX : cf l’encadré n°3, toujours dans ce même document PDF.
3. Ce que les spécialistes traduisent par « La température de fusion de l’oxyde de plutonium PuO2 (2400°C) est inférieure à celle de l’oxyde d’uranium UO2 (2865°C) »
4. Nous pouvons à bon droit comprendre que, contrairement aux affirmations officielles, à Fukushima, le combustible a fondu plus vite sur le réacteur n° 3 chargé en MOX que sur les autres réacteurs, ce qui a engendré des réactions violentes plus rapides et davantage de dégâts.
5. De nombreuses autorités tiennent comme criminel le fait que, alors que les réacteurs de Takahama étaient à l’arrêt suite à la catastrophe, la France a envoyé 2 ans après Fukushima un bateau sous escorte militaire chargé de MOX vers le Japon (1) qui est arrivé fin juin 2013 (2) : et Takahama a redémarré (3) ! En 2017, un nouveau convoi de MOX est parti pour le Japon (4)

Enfin, le MOX ne peut se stocker longtemps car il se désintègre rapidement.

Terminons à ce sujet : PARTICULES TUEUSES

Cette vidéo, hélas non encore traduite en français, parle de particules tueuses : http://www.fairewinds.org/nuclear-energy-…/hottest-particle…

Interview de Marco Kaltofen :

« Particule de Nagoya (430km de Fukushima ayant vraisemblablement voyagé par les airs) et description des méthode pour retrouver ces particules (sacs d’aspirateurs, filtres à air de voitures, etc) Il y a des photo comparatives de l’air en plusieurs endroits qui sont très parlantes et montrent que l’air des habitations est très contaminé.

Il montre qu’une seule particule suffit pour être bien plus exposé que les mesures ne le laissent espérer.

Les techniques utilisées permettent d’arriver à isoler l’aiguille dans la botte de foin et de la voir (grossissement x 5000) et de la qualifier par son contenu, son activité, ce qui permet de remonter à son origine.

Cette caractérisation permet de faire des prédictions précises sur l’effet délétère de la santé des êtres vivants qui respirent cette poussière..

Au Japon, la limite est de 100 désintégrations par kg de matière alimentaire. La particule la plus “chaude" retrouvée se situe dans une gamme extraordinairement élevée : 4 suivi de 19 zéro : 40 000 000 000 000 000 000

Malheureusement pas (encore) transcrit en français.

Le délibéré sera rendu le mercredi 11 octobre 2017.

La veille, mardi 10 octobre, nous aurons le rendu du délibéré concernant la cuve de la centrale de Flamanville qu'AREVA est parvenu à prolonger jusqu'en 2024 en dépit de l'évidente mise en danger des vies humaines, travailleurs et riverains. http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article340

Peter Bu signale :

La cuve de l'EPR de Flamanville est défectueuse et l'Autorité de sûreté nucléaire doit se prononcer sur l’opportunité de la poursuite de ce chantier. Les médias n'ont pas annoncée la consultation de la population de l'ASN à ce sujet.

Les consultations de l'ASN sont toujours très confidentielles. En général, elle reçoivent entre 0 et 150 commentaires, très exceptionnellement jusqu'à 600. Cette fois, elle a reçu 13 820 commentaires au total !... Ce résultat prouve que l'opinion publique n'accepte plus en silence le danger et la gabegie du nucléaire. Il faut espérer que l'ASN y trouve un appui pour résister aux très fortes pressions du lobby nucléaire qu'elle subit.

Cette dernière question, que j'ai survolée trop rapidement, n'a pas été évoquée.

Ni reprise. J'ai terminé en demandant aux juges si le silence complice des politiques et de la presse officielle n'imposait pas aux hommes de vivre ainsi qu'on le voit ici.

La relation blogueur/organe de presse :

Que Trump accrédite des blogueurs comme journalistes ca fait un scandale, mais qu’ici, en fRance, les blogs relèvent du droit de la presse c’est-à-dire que les journalistes ne valent finalement pas mieux que les blogueurs et inversement et réciproquement, ne choque personne dasn les rédactions de journaux dits “participatifs” ?!

Jean-Jacques M’µ